« Les vitraux de Gabriel Loire à Kervignac – De verre, de lumière et de foi », tel est le titre du livre d’art qu’a consacré Alain Rocard à l’église de Kervignac et à ses splendides vitraux, faits de dalles de verre épais serties dans du ciment armé, pour raconter en images les scènes marquantes de la vie de la Vierge Marie auprès de son fils Jésus-Christ. Intégrée dans une très originale architecture moderne qui lui en constitue l’écrin idéal, cette véritable frise de vitraux est l’œuvre d’un artiste-peintre et maître-verrier de renom, inspiré par une foi chrétienne proche du mysticisme, l’humble, le modeste et pourtant le grand Gabriel Loire.
Découvrant ces vitraux par hasard, en 1962, c’est-à-dire quatre ans après leur réalisation et leur pose, aux portes de Lorient, dans la nouvelle église de Kervignac enfin reconstruite en 1958 après les bombardements qui avaient entièrement détruit l’ancien édifice paroissial en 1944, Alain Rocard en a été complètement ébloui et, après avoir dû, pendant des années, faire visiter l’église à tous ses amis intéressés dans un quasi-secret, il a finalement décidé de consacrer un livre à ses vitraux dans le but de convaincre les passants que, pour être a priori inamovibles et par conséquent inaccessibles à toutes spéculations financières, les vitraux n’en constituent pas moins des œuvres d’art majeures et parfois même, comme l’affirmait André Malraux, supérieures aux œuvres peintes.
Il est étonnant de constater que les touristes ne se pressent en foules pour regarder les vitraux d’une église que si les artistes-peintres qui en ont dessiné et peint les maquettes ont été des grands de la peinture, tels des Chagall, Rouault ou autres stars dont les cotes en salles de ventes atteignent des millions de dollars…
Alain Rocard veut rendre justice au grand artiste qu’était Gabriel Loire, celui qui créait ses propres cartons et réalisait lui-même ses verrières, celui qui avait eu toutes les audaces pour suivre les plus grands architectes mondiaux dans leurs imaginations les plus folles. Il vous entraînera, dans la vie de Gabriel Loire, aussi bien devant ses vitraux sphériques ou paraboliques, en Normandie, que devant ses 2 183 m2 de vitraux de cette église « du Souvenir » qui vient hélas d’assister « sous ses fenêtres » au terrible attentat du marché de Noël 2016, à Berlin ; il vous montrera, aux USA, cette église de Stamford, en la forme d’un immense poisson dont le corps constitue la nef, entièrement faite de vitraux du sol jusqu’à son faîte ; ou bien , à Dallas, il vous présentera une église en forme de rouleau de béton avec sa spirale de vitraux ascendants en constituant l’éclairage intérieur par le plafond. Enfin, jusqu’au Japon, à Hakoné, il vous fera monter les marches d’un étonnant escalier de ferronnerie à l’intérieur de sa tour « Symphonie », cette tour de 26 mètres de hauteur sur 6 mètres de diamètre qu’il a entièrement édifiée de ses vitraux au beau milieu des herbages du célèbre musée d’art moderne dont les œuvres de nombreux artistes mondialement connus ont été, à l’initiative des autorités japonaises, disposées en plein air dans un paysage féerique, au pied du mont Fuji…
Il faut que tous, Bretons et touristes, réalisent que, dans cette petite bourgade assurée d’un calme résidentiel profond par la rocade routière qui la contourne à présent sur la route de Lorient, ils peuvent admirer à Kervignac une église de facture très originale et ce petit chef- d’œuvre d’art sacré, totalement empreint de piété et de douceur du cœur que constituent les vitraux de dalles de verre du grand Gabriel Loire.
Qu’on se le dise, enfin !